Retour d’expérience en robotique chirurgicale

publié le 17 juin 2021

20 mai 2021

La robotique, appliquée au monde de la chirurgie, peut prendre et prend de plus en plus des formes diverses, à l’image de l’évolution de la robotique en général.

Qui dit robotique évoque en effet des solutions, technologies et pratiques tant matérielles que logicielles: algorithme d’analyse, de “décision” ou de pilotage automatique, bras articulé télépiloté, dispositif dédié ou pluri-fonctionnel (re-)programmable afin d’effectuer une série de tâches déterminées, robot-assistant (ou robot-compagnon), interface conversationnelle, robots remplissant des tâches logistiques (nettoyage et désinfection de surfaces, transport d’instruments ou de médicaments, voire de personnes…), etc.

Comme le rappelait Thierry Vermeeren, en introduction à cet atelier eUserNet, la réflexion éthique à propos des implications, du cadre, des latitudes à offrir ou non à la robotique et, surtout, de la place de l’algorithmique dans le monde médical et donc aussi chirurgical, est encore fort récente. Des réflexions, confrontations et choix plus poussés devront encore être faits.

La crainte, souvent, surgit de voir l’instrument “intelligent” ou robotisé remplacer la main et la décision de l’homme.

Il sera essentiel de procéder à des arbitrages objectifs, loin de l’émotionnel, pour décider des champs que l’on ouvre à la robotique chirurgicale, sans en exclure ou, tout au moins, en en informant en toute transparence le patient.

Le robot, soulignait encore Thierry Vermeeren, apporte une réponse thérapeutique à toute une série de certaines catégories de patients: grands brûlés, personnes âgées (par exemple manipulations plus aisées, déchargeant le personnel infirmier de tâches lourdes), enfants (interactif ludique, rassurante…), personnes souffrant de troubles mentaux…

Un brin d’histoire

Le fait est que la chirurgie assistée par robot a fait bien du chemin depuis ses tout débuts, où les premiers robots étaient simplement des instruments venus du monde industriel, “reconditionnés” pour la salle d’opération.

L’une des toute premières interventions a concerné, en 1985, le positionnement d’une aiguille en vue d’une biopsie du cerveau. Un an plus tard, un robot se lançait dans la pose d’une prothèse de hanche.

En 1988, c’était au tour de la chirurgie prostatique de faire confiance à la main robotisée.

Le premier pontage coronarien assisté par le robot Da Vinci a été réalisé en Allemagne en 1998. (Source: La Fondation de l’Avenir – France)

Aujourd’hui, la diversité des spécialités chirurgicales où le robot fait son entrée ne cesse de croître: opérations de la thyroïde, oncologie ORL, dispositifs robotisés pour le traitement de pathologies cardiaques, chirurgie bariatrique (réduction de la taille de l’estomac pour résoudre des problèmes d’obésité)…

Il est encore toutefois des pathologies et des zones corporelles pour lesquelles le recours à un robot chirurgical pose des défis non encore résolus. Le Dr Henri Massin, adjoint à la direction médicale au GHdC (Grand Hôpital de Charleroi, évoquait par exemple la neurochirurgie crânienne, en raison de l’espace réduit qu’est la boîte crânienne.

La robotique chirurgicale couplée à des pratiques de télémédecine ouvre par ailleurs de nouvelles perspectives pour des interventions à (longue) distance – à condition bien entendu que la couverture des territoires en connexions stables, fiables, très haut débit, sécurisées soit une réalité. “Ce pourrait être là un élément de réponse à la problématique des déserts médicaux ou dans la perspective de la délocalisation de certains actes médicaux en dehors des murs de l’hôpital”, déclarait Thierry Vermeeren.

On assistera par ailleurs très certainement à un choc des cultures. Non seulement entre “pro-robots” et “anti-robots” (du moins pour certaines formes et usages de la robotisation) mais aussi dans la manière dont certains pays, certaines “cultures” se l’approprient. Thierry Vermeeren citait en exemple l’approche foncièrement différente de la “personae” robotique au Japon…

Orateurs / Intervenants :

  • Dr Henri Massin, adjoint à la direction médicale au GHdC (Grand Hôpital de Charleroi
  • Joel de Wit, directeur opérationnel au Chirec (région bruxelloise)