Medical record concept using stethoscope in front of pile of paper. Selective focus

L’avenir du DPI: app stores, intégration API et flux de gestion pilotés par IA?

publié le 24 août 2020

Un billet d’opinion publié en juillet 2020 sur le site Med City News, intitulé “Physicians deserve better software: Covid-19 has shown why medical records need to adapt”, esquissait ce que ses auteurs (1) estiment être l’avenir du DPI.

De nationalité américaine, ils s’appuient tout naturellement sur une analyse de la situation outre-Atlantique en matière de systèmes EHR (electronic health record) hospitaliers. Toutefois, certaines tendances de fond transcendent selon eux les particularismes locaux.

Leur argument de base consiste à dire que les EHR/DPI “ne proposent pas les potentiels permettant de supporter réellement les besoins dynamiques qu’ont les cliniciens, du fait qu’ils ont en fait été conçus afin de répondre à des exigences réglementaires et ont été adoptés afin de faire passer la priorité de la facturation avant le concept de soin au patient”.

Dans leur billet d’opinion, ils évoquent notamment les écrits du Dr Atul Gawande, chirurgien, chercheur en santé publique et professeur à l’École de médecine de Harvard, qui défend l’idée que la conception de logiciels efficaces, aptes à rencontrer les besoins des utilisateurs, en particulier des besoins aussi complexes que ceux des cliniciens, exige d’en passer par un processus évolutif, itératif qui fait appel à un processus de feedback en boucle extrêmement étroit avec les utilisateurs finaux.

Malheureusement – toujours selon le Dr Atul Gawande et les deux auteurs du billet d’opinion -, “les systèmes EHR actuels sont le résultat d’une sélection et non d’une mutation. Or, ce type de design top down ne peut que se traduire par une expérience utilisateur qui est en-deçà de leurs attentes. […] La nature-même des systèmes EHR, en tant que “systèmes de dossier”, limite leur capacité à supporter des soins cliniques complexes. Les outils de gestion de dossiers donnent la priorité à la stabilité, pas à l’agilité.”

La nature “statique” des systèmes EHR ne convient pas, selon eux, à un contexte de changements, qui exige la mise en oeuvre de technologies “agiles”.

La crise du Covid-19 en est une illustration éloquente, estiment-ils. Les technologies agiles sont indispensables face à des situations inhabituelles, inattendues, voire d’urgence – tous paramètres qu’a cochés la crise sanitaire que l’on connaît actuellement.

“L’un des problèmes majeurs des systèmes EHR est l’interopérabilité, qui permettrait de gérer les flux de données. En ce compris, la possibilité d’une intégration transparente permettant aux patients de partager leurs antécédents médicaux informatisés avec les médecins et les hôpitaux, où qu’ils se trouvent sur le territoire.”

Une évolution, selon les auteurs, est toutefois en cours, qui pourrait permettre de résoudre ces problèmes. “Les fournisseurs de systèmes EHR ont adopté le modèle des “app stores” afin de rendre possible un écosystème innovant.”

Selon eux, l’évolution des EHR/DPI vers les modèles “plate-forme” est en cours, rendue possible par le principe d’intégration basée sur API (application programmant interface), “réduisant radicalement les délais d’implémentation”.

L’arrivée d’une démarche d’intégration par API dans le monde des soins ouvre la voie à l’émergence de ce qu’ils estiment être la génération de solutions devant succéder aux EHR/DPI – à savoir les SCI, ou “systems of clinical intelligence”.

De tels systèmes sont appelés à faire disparaître les barrières intra-cliniques, à englober la totalité des flux de tâches des médecins, “capables d’extraire toutes les informations du patient au départ de son dossier médical, de prédire le contenu clinique pertinent dont le médecin a besoin, de lui présenter le contenu dans un format contextualisé et physician friendly.

(1) Auteurs de ce billet: Craig Limoli, ancien consultant auprès de la division Watson Health d’IBM et fondateur de WellSheet, société à l’origine d’une plate-forme cloud de gestion d’informations hospitalières et de workflows prédictifs pilotés par intelligence artificielle, et Georgia Papathomas, consultante en capital à risque et par ailleurs présidente du conseil d’administration de WellSheet.

Source: Med City News