Transformation numérique de la santé: du patient à l’Etat, tous les acteurs ont un rôle à jouer

publié le 30 juin 2020

Outre-Quiévrain, les rapports, propositions et évaluations, venant du gouvernement ou d’autres acteurs, se bousculent quelque peu ces derniers dans le domaine de la stratégie que la France veut se donner en matière de “santé numérique”.

L’un des derniers à joindre sa voix au concert est l’Institut Montaigne, think tank qui réunit cadres d’entreprises, hauts-fonctionnaires, universitaires et représentants de la société civile. Dans un rapport intitulé “Pour une transformation numérique du système de santé”, le groupe de réflexion passe en revue une série de freins, perçus comme tels, faisant obstacle à l’avènement et à l’extension des solutions e-santé en France. Notamment:
“les barrières au recueil et à l’utilisation des données de santé
la faible incitation à l’usage de la télémédecine et du numérique en santé
des dispositifs de financement insuffisamment coordonnés
une filière santé hétérogène et peu structurée
une gouvernance de l’innovation en santé éclatée
une multitude de parties prenantes
un cadre d’évaluation peu adapté aux solutions d’e-santé”.

Pour progresser, une dizaine de propositions sont énumérées, organisées en quatre chapitres. Parmi ces propositions, un recours plus important et régulier aux acteurs privés, appelés à participer à la mise en oeuvre d’une véritable filière de la santé et la promotion de collaborations et partenariats, ce qui favoriserait l’émergence de “clusters d’innovation en santé. Ce qui implique aussi un changement de mentalité et de stratégie de la part des institutions, avec invitation lancée aux grands établissements publics hospitaliers de “s’impliquer davantage dans l’émergence et la croissance des entreprises innovantes en santé à travers une politique de l’achat tournée vers l’innovation”. Autrement dit, combattre la frilosité vis-à-vis des start-ups e-santé.

En matière d’accès aux données de santé, le Think tank plaide pour ouvrir les données à “l’ensemble de l’écosystème” (ou, à tout le moins, à simplifier leur accès) et pour une sorte d’assouplissement responsable qui permettrait de concilier plus efficacement réserves et précautions éthiques, sécurité des données et exploitation de ces dernières. Le patient demeurant toutefois la clé devant ouvrir le cadenas, par le biais d’un processus de consentement. Il s’agira aussi – et les deux choses sont intimement liées – de travailler sur la “confiance” du patient afin de l’amener à autoriser davantage l’utilisation de ses données mais aussi de renforcer cette confiance du côté des professionnels des soins, encore prudents voire suspicieux face aux solutions et processus d’e-santé.

L’Institut Montaigne estime que l’une des manières d’y parvenir serait de “multiplier les cas d’usage démontrant au grand public et aux professionnels de santé l’intérêt du partage et de l’utilisation des données de santé” et de “former formant tous les acteurs du système de soins aux technologies numériques et à l’intelligence artificielle”.

L’une des autres recommandations vise le cadre réglementaire afin de pérenniser de nouvelles habitudes prises pendant la crise du coronavirus qui ont notamment vu les pratiques de télémédecine gagner du terrain.

Le rapport “Pour une transformation numérique du système de santé” de l’Institut Montaigne peut être consulté via ce lien. Il a été publié en juin 2020.

Source: TICpharma