Doctor and patient using digital tablet in hospital

Les images du cerveau doivent-elles être mieux protégées?

publié le 20 septembre 2019

Les scans du cerveau, via tomographie ou IRM sont-ils aussi révélateurs de ce qui fait la spécificité, le caractère unique et donc identifiable, de chaque être humain, à la manière de l’ADN? Faut-il dès lors mieux protéger, encadrer, l’usage qui est faite des données relatives au cerveau?

La question n’est pas aussi révolutionnaire ou irrévérencieuse qu’il n’y paraît. Les images du cerveau permettent de détecter certaines maladies (Parkinson, voire la simple dépression), les abus de substances addictives, des traces de traumatismes…

Plusieurs scientifiques américains ont lancé une mise en garde sur l’utilisation (excessive, intempestive…) de données hyper-personnelles et privées, par définition sensibles, encourageant une réflexion plus large et systématique des implications de l’imagerie du cerveau: quel type d’informations peut-on ou non en extraire et exploiter? qui peut accéder à ces données et informations? comment les protéger? quid aussi des responsabilités?

L’auteur d’un article paru dans le magazine Wired, professeur en radiologie et en imagerie biomédicale à Yale, évoque quelques questions qui pourraient se poser demain. Parmi d’autres…

Les réseaux IRM – ou schémas de connectivité fonctionnelle – ont déjà été utilisés pour prédire l’intelligence, l’émergence de la schizophrénie ou encore l’utilisation de drogues illicites par des adolescents “à risque”. Ce concept de “connectivité fonctionnelle” permet aussi de prédire quelle personne souffrant d’une addiction médicamenteuse risque de ne pas observer son traitement ou de présenter un comportement anti-social. Le degré de précision de la prédiction devrait encore s’accroître grâce au recours à l’intelligence artificielle.

Extrapolant le scénario, le Dr Evan D. Morris se demande si un tribunal pourrait intimer à un individu de se soumettre à une tomographie ou à un IRM fonctionnel, si un procureur pourrait émettre une assignation pour mettre la main sur le scan d’un suspect qui, par le passé, aurait accepté volontairement d’être un cobaye dans un test de recherche… Ou pourrait-on “déduire” et prédire le comportement futur d’un individu lambda sur base de l’analyse comparative de ses réseaux fonctionnels qui ressemblent à ceux de psychopathes dont les données ont été analysées…

A lire dans Wired.