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L’effet “corona” sur les levées de fonds en santé numérique

publié le 9 juin 2020

On le sait, la crise du coronavirus et les mesures sanitaires mais aussi organisationnelles qu’ont dû prendre les professionnels et institutions de soins, les patients et même les autorités, ont sérieusement bousculé procédures et habitudes dans le secteur des soins de santé. Soudain, notamment, les télé-soins, télé-surveillance, télé-conseils, télé-diagnostic et consorts sont devenus “sexy”, voire indispensables.

L’objectivation de ce constat encore empirique est donnée par les chiffres récents des levées de fonds effectuées par des start-ups health tech françaises.

Au premier trimestre 2020, elles ont collectivement levé un montant record de 8,2 milliards de dollars, soit une progression de 76% par rapport au premier trimestre 2019 (chiffres fournis par Preqin, cabinet d’analyse spécialisé dans la fourniture d’informations et de données financières à propos des actifs alternatifs et des fonds d’investissements et capital-risqueurs). 

Dans un article publié par le quotidien Le Monde, un juriste (cabinet juridique Dechert Paris), explique le phénomène comme suit: “Les fonds spécialisés sur la tech se méfiaient du secteur de la santé, car il s’agit d’une activité très réglementée, loin de leurs réseaux habituels, avec la nécessité de conserver longtemps leur investissement. Mais ils veulent tous y investir désormais.”

“La pandémie a permis de convaincre des patients et des professionnels de santé. En trois mois, on a fait plus de progrès qu’en trois ans”, ajoute pour sa part un responsable de fonds d’investissement.

Le soufflé retombera-t-il? Certaines télé-procédures deviendront-elles des habitudes objectivement encadrées et validées? Les jeunes pousses de la health tech s’en disent évidemment convaincues, telles Cardiologs, start-up française qui propose un diagnostic cardiaque reposant sur l’analyse de données et l’intelligence artificielle: “Le désengorgement des hôpitaux passera par un suivi des malades à domicile, s’appuyant sur une analyse des données permettant une médecine préventive”. 

Le “nerf de la guerre” demeurera toutefois l’assentiment des professionnels de soins, celui des autorités, l’apport de modifications aux règles habituelles des systèmes de remboursement ou encore un basculement plu ou moins important vers un nouveau modèle de participation financière des premiers intéressés (hôpitaux, patients…): “Les start-up doivent trouver un produit ou un service pour lequel les médecins, les assureurs ou des laboratoires pharmaceutiques sont prêts à payer”, résume-t-on du côté des acteurs du financement des start-ups.